Les préférences des personnes transgenres et non binaires en matière de soins de santé virtuels dans un contexte d’après-pandémie : une étude canadienne transversale
Accéder à l'article de journal complet (s'ouvre dans un nouvel onglet)Résumé
Contexte :
Le recours aux soins de santé virtuels a augmenté de façon spectaculaire lors de la pandémie de COVID-19, ce qui nous pousse à nous interroger quant à leur rôle potentiel dans un contexte d’après-pandémie. Pour les personnes transgenres et non binaires (TNB), les soins virtuels sont prometteurs car ils peuvent élargir l’accès à des prestataires de soins de santé affirmatifs, aptes et capables de répondre à leurs besoins de santé. Cependant, de nouvelles recherches font état de disparités potentielles dans l’accès aux soins virtuels liées à des facteurs sociodémographiques, sanitaires et sociaux. Il y a peu de recherches sur les facteurs qui affectent la préférence des patient·e·s pour les soins virtuels par rapport aux soins en personne, et ce, particulièrement au sein des communautés TNB.
Objectif :
Cette étude vise à identifier les facteurs sociodémographiques, sanitaires et sociaux associés aux préférences de soins virtuels post-pandémiques au sein des communautés TNB.
Méthodes :
Réalisée en 2020, l’enquête de Trans PULSE Canada sur la COVID-19 a examiné les impacts sanitaires, sociaux et économiques de la pandémie de COVID-19 auprès de 820 participant·e·s TNB qui avaient préalablement complété l’enquête pré-pandémique de Trans PULSE Canada réalisée en 2019 (n=2783). Les données ont été pondérées en fonction des données démographiques de l’échantillon de 2019. Des tests du chi carré ont été utilisés pour comparer les préférences post-pandémiques pour les soins virtuels par rapport aux soins en personne en fonction des caractéristiques sociodémographiques, sanitaires et sociales. Les participant·e·s ont fourni des réponses libres expliquant leurs préférences, et ces dernières ont été utilisées pour contextualiser les résultats quantitatifs.
Résultats :
Sur les 812 participant·e·s ayant indiqué leur préférence pour les soins virtuels ou en personne dans un contexte d’après-pandémie, une proportion pondérée de 32,7 % (n=275) préférait les soins virtuels et de 67,3 % (n=537) préférait les soins en personne. Les préférences pour les soins en personne plutôt que les soins virtuels étaient associées au fait d’appartenir aux groupes d’âge suivants : de 14 à 19 ans (85,0 %), de 50 à 64 ans (80,0 %) et 65 ans et plus (90,7 %) (χ25=19,0; P=.002). Les préférences pour les soins virtuels plutôt que les soins en personne étaient associées au fait d’avoir une maladie chronique (37,7 % contre 29,9 %; χ21=4,7 ; P=.03) et d’éprouver une anxiété probable (34,7 % contre 25,7 %; χ21=4,3; P=.04). Parmi les participants ayant un ou une partenaire romantique, les préférences variaient en fonction du niveau de soutien du ou de la partenaire envers l’identité ou l’expression de genre (χ23=13,3; P=.004); les participant·e·s ayant un ou une partenaire qui les soutenaient moyennement étaient plus susceptibles que les participant·e·s ayant un ou une partenaire qui les soutenaient fortement de préférer les soins en personne (85,1 % contre 62,3 %). Les préférences en matière de soins ne variaient pas de manière significative en fonction des indicateurs de statut socioéconomique. Les réponses libres indiquaient que divers facteurs interagissaient souvent pour influencer les préférences des participant·e·s et que certains d’entre eux, comme le fait de vivre avec une maladie chronique, conduisaient simultanément quelques participant·e·s à préférer les soins virtuels et d’autres les soins en personne.
Conclusions :
Les personnes TNB peuvent avoir un intérêt différentiel pour les soins virtuels en fonction de facteurs tels que l’âge, les conditions de santé chroniques et mentales, et les environnements domestiques non transaffirmatifs. Les recherches futures portant surs les préférences en matière de soins virtuels bénéficieraient de l’application d’approches intersectionnelles à méthodes mixtes pour l’ensemble de ces facteurs, et ce, afin d’explorer la complexité des obstacles et des facilitateurs de l’accès aux soins virtuels et de leur qualité. Ces différences observées encouragent la flexibilité des options permettant de choisir entre les soins de santé en personne et virtuels pour répondre aux besoins de santé spécifiques des patient·e·s TNB.