Les inégalités intersectionnelles dans l’accès à la justice pour les travailleuses et travailleurs du sexe trans et non binaires au Canada

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Résumé

Introduction

Dans la foulée d’un nouveau débat sur les lois canadiennes sur le travail du sexe visant à mettre fin à la demande, nous avons adopté une approche intersectionnelle pour caractériser les expériences avec le système de justice pénale et l’accès perçu à la justice chez les travailleuse·eurs du sexe transgenres (trans) et non binaires au Canada.

Méthodes

L’étude communautaire Trans PULSE Canada a effectué une collecte de données multimode à l’automne 2019. Les données ont été stratifiées  de manière croisée en fonction du travail sexuel effectué au cours d’une vie et du sexe assigné à la naissance, du groupe ethnoracial ou du revenu du ménage. L’ajustement selon l’âge n’a pas eu d’impact significatif sur les résultats.

Résultats

Sur les 2012 participant·es retenu·es (âge médian = 30, 66,5% de personnes assignées femme à la naissance, 48,9% de personnes non-binaires), 280 (16,1 %) avaient déjà fait du travail du sexe. Alors que l’accès à la justice était limité dans l’ensemble du côté des personnes trans et non binaires, les travailleuse·eurs du sexe étaient plus susceptibles d’anticiper (72,1 % contre 50,5 %) et de subir (43,2 % contre 15,7 %) un mauvais traitement de la part de la police. Au cours des cinq années précédentes, les travailleuse·eurs du sexe étaient plus susceptibles d’avoir subi de la violence pour quelque raison que ce soit (61,4 % contre 27,4 %) ou en raison de leur identité trans ou non binaire (41,4 % contre 14,0 %), et d’avoir évité d’appeler le 911 pour obtenir une assistance policière (51,4 % contre 18,1 %). Peu de travailleuse·eurs du sexe s’attendaient à obtenir un traitement équitable de la part des services policiers s’iels étaient victimes de violence physique (10,8 % contre 34,9 %) ou sexuelle (4,7 % contre 20,6 %). En ce qui concerne les inégalités intersectionnelles, les travailleuse·eurs du sexe assigné·es homme à la naissance et les travailleuse·eurs de rue étaient les plus susceptibles d’avoir subi des formes de violence genrée, et les travailleuse·eurs du sexe autochtones et racisé·es ont signalé des niveaux plus élevés de mauvais traitements par la police et d’évitement des services d’urgence (911).

Conclusions

Dans l’ensemble, les personnes trans et non binaires au Canada ont signalé des niveaux élevés de violence et un accès limité à la justice. Les travailleuse·eurs du sexe éprouvaient de grandes inégalités dans ces résultats, qui étaient exacerbées pour les personnes transféminines, autochtones, racisées et pratiquant le travail du sexe de rue.

Implications politiques

Ces résultats remettent en question la notion selon laquelle les lois canadiennes sur le travail du sexe protègent les travailleuse·eurs du sexe et font ressortir les limites des protections juridiques officielles pour les personnes trans. Ces iniquités doivent être abordées dans le cadre des efforts de réforme des lois sur le travail du sexe.

Citez et lisez l’article complet en anglais ici: Scheim, A. I., Santos, H., Ciavarella, S., Vermilion, J., Arps, F. S. E., Adams, N., Nation, K., & Bauer, G. R. (2023). Intersecting Inequalities in Access to Justice for Trans and Non-binary Sex Workers in Canada. Sexuality Research and Social Policy (2023). https://doi.org/10.1007/s13178-023-00795-2