L’erreur de genre, la santé et le bien-être des personnes non binaires au Canada

Résumé

Contexte : Le mégenrage – c’est-à-dire l’utilisation d’un nom, d’un pronom ou d’un langage genré erronés pour désigner quelqu’un, est réputé pour ses effets négatifs sur la santé mentale et le bien-être des personnes trans. Cependant, on sait peu de choses sur les effets du mégenrage sur les personnes non binaires en particulier.

Objectifs : C’est pourquoi notre recherche a abordé les questions suivantes : 1) Quels sont les facteurs associés à la fréquence du mégenrage?; et 2) Les personnes non binaires qui font moins souvent l’objet de mégenrage ont-elles de meilleurs résultats en matière de santé?

Méthodes et résultats : Nous avons analysé les données de Trans PULSE Canada, une enquête communautaire sur les personnes trans et non binaires vivant au Canada, en posant des questions sur le mégenrage à un sous-ensemble (n = 1091) de personnes s’identifiant comme non binaire. Le mégenrage était une expérience fréquente et pénible pour les personnes non binaires participantes, dont 59 % faisaient l’objet de mégenrage quotidiennement, 30 % hebdomadairement ou mensuellement, et seulement 11 % annuellement ou sur une base moins fréquente. La plupart d’entre elles (58 %) ont déclaré être très ou plutôt contrariées lorsqu’elles se faisaient mégenrer. Le mégenrage quotidien était plus fréquent chez les personnes non binaires âgées de moins de 25 ans (64 %, p < 0,0001), visiblement handicapées (74 %, p = 0,003), assignées femme à la naissance (61 %, p < 0,0001) ou racisées et assignées homme à la naissance (65 %, p < 0,0001) que chez leurs homologues. Lors des analyses de régression multivariables, le mégenrage sur une base moins fréquente (hebdomadaire/mensuelle vs. quotidienne) était associé à un score d’anxiété OASIS plus faible (β = -0,555, IC  95 % = -1,062, -0,048).

Discussion : Notre recherche met en évidence la complexité du fait de vivre son identité ouvertement, du passing, de la dissimulation et de l’affirmation chez les personnes non binaires possédant des identités marginalisées intersectionnelles. Les recherches futures pourraient développer des analyses causales plus solides sur l’impact du mégenrage, sur la manière dont les personnes non binaires le gèrent, et sur les politiques et les interventions visant à en réduire l’ampleur.